Interview de Yohann Videgrain-Charreyron, fondateur de Paybystep
paybystep permet aux entreprises de se faire payer à chaque étape d’un projet. Au lieu de fonctionner avec le traditionnel acompte puis de facturer le reste de la mission à la fin, en espérant être payé dans les temps, nous proposons au prestataire de services d’envoyer le devis via paybystep à son client, qui peut proposer des ajustements en direct. Ensuite, la collaboration se fait normalement sur les outils des deux parties. Mais à chaque rendu validé par le client, un ordre de paiement (de 1 à 30 jours) part. Et pour motiver les clients à payer par étape et dans les temps, nous offrons la possibilité à l’entreprise prestataire de services de délivrer un contrat de cession de propriété immatérielle d’étape.
Nous avons tous connu des soucis entrepreneuriaux liés aux délais de paiement. Cela a donc été une évolution logique de nos discussions, amorcées il y a dix ans entre trois amis (rejoins par un quatrième il y a deux ans), vers un prototype il y a trois ans, qui a fait ses preuves, puis deux ans de développement d’une plateforme stable et évolutive, lancée commercialement le mois dernier, en octobre 2024. Nous avons la chance d’être complémentaires en plus de tous bien nous connaitre : Produit / Tech / Finance / Direction. L’un d’entre nous est d’ailleurs un ancien Directeur Général de grand groupe, nous communiquerons bientôt à ce sujet.
Pour cette première phase technologique et commerciale, nous travaillons avec des professions qui créent de la Propriété Immatérielle et qui ont souvent des difficultés à se faire payer à temps : architectes, avocats, agences de communication, entreprises du digital.
Dans le digital, nous avons un avantage, c’est notre positionnement agile qui permet de positionner paybystep dans les méthodologies et dans les outils digitaux agiles, très utilisés par les équipes projet.
Une commission est ajoutée à chaque transaction, que nous partageons entre les deux parties : 3% pour le payeur, parce qu’il obtient une sécurité sur les rendus et la fréquence des rendus, et 3% pour le prestataire, parce que son entreprise améliore sa trésorerie. Nous réfléchissons à une offre additionnelle en SaaS car de nombreux services vont voir le jour sur la plateforme.
Nous avons bâti une plateforme centrale en PHP / React, qui utilise ensuite les services de Stripe, Yousign, Scaleway pour avancer. Nous avons une logique de déploiement via les API des grands outils collaboratifs.
Après avoir investi à 4 pour développer le prototype puis la plateforme, nous sommes aujourd’hui en levée de fonds pour accélérer encore sur les développements, et sur le commercial.
Nous venons nous placer à la croisée des chemins de trois types d’acteurs : les banques et leurs solutions d’affacturage, mais qui ont un taux d’acceptation de dossiers réduit, les solutions de recouvrement, mais qui ont un effet délétère sur la confiance entre les deux parties, et qui arrivent en fin de projet, et enfin certaines fintechs, qui pourraient adapter leur offre B2B pour proposer un service comme le nôtre. Nous nous démarquons aujourd’hui par l’approche novatrice, qui nécessite une évangélisation, et par notre commission, réduite en comparaison des coûts d’affacturage ou de recouvrement.
Nous sommes déjà en contact avec des groupes français et allemands pour envisager notre solution du point de vue du payeur et de ses processus internes au niveau logiciel et prise de décision. Donc nous imaginons un positionnement axé sur le payeur, pour recréer un standard du paiement B2B, avec plusieurs grands groupes comme clients. Nous envisageons aussi un test transfrontalier rapidement, et un partenariat avec un éditeur de logiciels est également déjà sur la table.
Nos rencontres sont absurdes. J’ai rencontré mon premier associé sur les marches d’une vieille bâtisse de Nîmes lors du déménagement de son frère, alors mon colocataire, un sandwich à la main, il y a quinze ans. J’ai démarché mon second associé il y a dix ans, dans son restaurant préféré (j’avais stalké ses habitudes dans les médias), avec un document de 150 pages, qu’il m’a vite fait fermer. Il s’agissait des prémices de paybystep mais avec une autre approche. Et avec le premier ami à bord. Quant au troisième, il a été rencontré il y a trois ans lors d’un karaoké basque arrosé à Bordeaux et il s’est avéré que nous avions les mêmes passions, et les mêmes intérêts pour une fintech.
Question difficile et je ne sens pas qualifié pour donner des conseils. Mais les trois items qui fonctionnent pour nous en tant qu’équipe sont : se faire confiance, faire preuve d’audace, et faire preuve de créativité en tout temps.
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